Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monseigneur, il y a quelques jours passés que nommé le cappitaine La Roche me trouva
2et me demanda certains beufz que ledit La Roche dict luy avoier esté prins auprès de
3Grane, croyant que les luy avoy vollé et que falloit que les luy rendisse, ou aultrement
4me cousteroyt la vie. Monseigneur, craignant ennuier voz seigneuries, vous supplieray entendre
5le discourtz du faict. C’est que certain jour duquel ne me souvient, estoyt toutesfoys
6au commancement de juing, voz seigneuries estant à Livron où avoint faict quelque
7séiour, vollurent aller voier ladite Grane et la cituation d’icelle où il estoit, estant vous
8seigneuries accompagnées de feu monsieur de Size, les capitaines Bonifaces et le chevalier de La
9Mothe. Moy vous guidant, fut faicte quelque sortie par ceulx du capitaine Vallavoire
10qui estoyt dans ladite Grane (à qui avoyt rendu à bailhe le lieu dudit Grane ledit La
11Roche) et vous fut tiré plusieurs coups d’harquebuse, tellement qu’on vous cuida
12en dommaiger et blaisser votre cheval. Mesmement que ledit seigneur de Size vous pria
13vous retirer ung peu, et ung peu devant, les beufz dudit La Roche sortirent qui
14furent prins par ledit sieur capitaine Chevallier et menés audit Livron. Et par ce que
15je estoy, vous guidant (comme de debvoier et obéissant, monseigneur, que je doibz à voz
16seigneuries), ledit La Roche m’a aggassé, me menassent non de me battre, ains me tuer,
17ne se sentant barre sur ledit sieur capitaine Chevallier, soyt que bien scaché que ledit Chevallier
18ay eu lesdits beufz, que furent bien prins. Et craignant, monseigneur, tumber
19en tiel inconvénient et vollant obvier à tout danger, jay vollu supplier très humblement
20votre singulière humanité que voz seigneuries ont eu en ma pauvretté, me cognoiscent
21tout tel que je demeuray très humble et obéissant à jamais voz faire très humble
22servisse, vous portant telle obéisance que je voz doibz, voloier avoier pitié et souvenance
23de moy. Pitié diz-je, affin de ne tumber en tiel inconvenient par ledit La Roche.
24Souvenance de la perte, ruine et de noz grandes maladies que par liniure des inobéissantz,
25tant noz, que les genz dhonneur, de bien et obéisantz ont souffert. car, allent
26sus noz petis affaires et n’ausent porter espée, je ne diray aultres armes, je
27craingz trouver ledit La Roche qui, jà m’aient ainsi menassé, ne me face tort
28et iniure. Parquoy, monseigneur, vous supplieray très humblement, comme mesme
29celluy qui est mon reffuge et secours, m’aient cognu tout tiel que je demeuray
30très humble et très obéisant soubz votre main et puissance, voloier faire entendre vostre
31pouvoier et volanté audit La Roche, me rendray de plus en plus très affectioné (comme
32très pauvre obéisant et bien humble serviteur) à vous commandementz, obéisances, en
33supplient très humblement le Créateur
34Monseigneur, pour vostre prospériteur et grandeur, saincte félice donner longue et heureuse
35vie . De vostre maison à Valence, ce septiesme jullet 1572, par
36Votre très humble et obéisant serviteur
37La Gamonière